Avouez que vous tremblez
d’excitation anticipée à l’idée d’être accueillis avec une tasse fumante de thé
salé au beurre de yack, et une galette de tsampa « très digeste et
nutritive ».
Je vous donne la recette :
délayez à la main la farine d’orge grillé avec le susdit thé et le beurre de
yack. C’est tout. En voyage, c’est une panacée. Je le crois. J’imagine la scène avec chacun
d’entre vous individuellement, et l’émotion nous submerge.
Voyez donc Stanley et Livingstone, des aventuriers
endurcis et boucanés, qui pleurnichent dans les bras l’un de l’autre.
Franchement, oui, nous aurions quelques palpitations, vous trop essoufflés et
moi tripotant mon beurre. Ça vaut la peine d’y songer : le cœur s’emballe
et l’oxygène manque, c’est un peu extatique, non ?
Mais ne venez pas tous ensemble,
je ne vais pas passer mon temps à traire ! Devant votre enthousiasme,
j’ouvre mon carnet de rendez-vous. Qui vient le 29 juin, jour de ma fête ?
Faire mieux que tripoter :
les moinillons sculptent et teintent le beurre de yack pour réaliser leurs maquettes.
les moinillons sculptent et teintent le beurre de yack pour réaliser leurs maquettes.
Ah ! Oui ! Il vous faut
l’itinéraire :
Un vol international pour
Chengdu, capitale tentaculaire de la province chinoise du Sichuan, riche de son
musée archéologique et de ses pandas géants.
Un vol intérieur pour Yushu ( =
Gyêgu, Jiegu), là où eut lieu le séisme meurtrier, dans la province voisine
plus grande que la France mais peu peuplée du Qinghai (prononcez Tching-haï).
Cette province recouvre de son nom chinois la région tibétaine de l’Amdo, je
vous en parle à l’instant.
Puis 170 km d’une route qui longe
en partie le fleuve Mékong, immense ! jusqu’à la bourgade de Nangqên,
(prononcez Nangtchen) où vous ferez vos courses, mais peu de lèche-vitrine,
sauf les jouvenceaux.
Encore 80 km vers l’ouest pour
atteindre, à 4500 m d’altitude, un monastère !
Sous le monastère : un
baraquement. Non ! Un ermitage ! C’est là que je vous attends.
Peut-être.
Devant le monastère et les huit chörtens, une tente de prière.
Vous savez déjà qu'il faut la longer dans le sens horaire.
Vous savez déjà qu'il faut la longer dans le sens horaire.
Le Tibet historique comptait trois régions distinctes : le Tsang-Ü au sud, l’Amdo
au nord-est et le Kham au sud-est. Il a été envahi par l’armée de Mao Tse Toung
en 1950, puis redessiné sur la carte et administré selon des statuts
différents : pour faire simple, le Tsang-Ü constitue la
Région autonome du Tibet avec Lhassa pour capitale à 540 km de mon ermitage,
l’Amdo est devenu la province du Qinghai (où je vous attends) et le Kham a été
dépecé entre Région autonome tibétaine et provinces du Sichuan et du Yunnan.
Je vivrai dans une zone
frontalière à la jonction des trois principales régions historiques, entre
Tsang-Ü, Amdo et Kham : plus précisément à la frontière sud du Qinghai
(Amdo), mais parmi des nomades khampas (du Kham). Ainsi je serai au cœur même
du Tibet historique, non loin d’où est né l’actuel Dalaï-lama, le quatorzième
du nom, en 1935.
Pourquoi ?
Le but est simple et tient en peu
de mots : évaluer les besoins ophtalmologiques des nomades khampas sous le parrainage d’OSF (Ophtalmos sans frontières).
Mon baluchon est plein d’un appareillage miniaturisé et … lourd d’un retour aux
diagnostics voués pourtant aux gémonies. Les indulgences seraient-elles
bouddhistes : être parjure ne heurte que moi.
L'extraordinaire appareil miniaturisé qui permet de mesurer le tonus oculaire :
Ce sera court : la durée du
séjour est limitée par l’administration à 30 jours.
Je ferai partie d'une
équipe de médecins et dentistes. Nous serons trois dans la première fournée.
J’accompagnerai, cette année, une dentiste de Vendée et un médecin de Fréjus
qui y vont pour la première fois, comme moi. Je les ai rencontrés avec plaisir,
et nous partons en harmonie. Nous bénéficierons d’un interprète
anglais-tibétain qui nous accueillera à l’aéroport de Yushu.
Mon ermitage est un
dispensaire ! Pour découvrir le voisinage immédiat du dispensaire, attendez le prochain message !
Sur la gauche et sous le ciel habituel, le toit orange du dispensaire
Merci Pierre mais j'aimerais en savoir un peu plus si tu es d'accord. Pourrais tu développer "l'indiscrétion des mœurs dont nous n'avons pas les codes" et "l'invasion de la religion" ? J'ai bien une petite idée mais si tu peux donner des exemples concrets je suis preneur.
RépondreSupprimerA bientôt
Il faut être patient, Kaloun !
SupprimerJe sais bien que je vais devoir assumer ces expressions. Je me rôde sur des sujets plus faciles.