Date
Je prends le train le 26 juin à
Morlaix pour Roissy.
Le jour même je m’envole pour
Amsterdam, qui n’est qu’une étape évidemment.
Un deuxième avion me mènera vers
l’Orient, ça va de soi, plus de 9 heures durant.
Un troisième entamera une
ascension.
Cherchez les yacks !
Visa
Visa
Dans ce pays,
je passerai la première nuit à l’hôtel, c’est obligatoire. Là où je vais, il y
a en effet des contraintes administratives précautionneuses et méfiantes :
l’essentiel aux yeux des autorités est d’être bien pourvu en assurances et en
finances pour rapatrier le corps vif ou non du voyageur. Il faut pouvoir le
rapatrier pour un oui ou pour un non (mais toujours pour une raison indépendante
de la volonté dudit voyageur). Aux yeux des autorités, ma caisse de retraite
qui n’est pas très généreuse permet quand même d’acheter un billet d’avion
« single » pour le retour, au cas où. Au cas où quoi ? A cette
question, il n’y a pas de réponse officielle... Si ce n’est qu’il est
déconseillé d’emporter une oriflamme ensoleillée bleue et rouge. Dans la même
veine, plus discret et moins revendicatif, le gwenn-ha-du serait peut-être
mieux admis. Une oriflamme réversible ? En tous cas, grâce à elle, la
Caisse, j’ai obtenu mon visa.
Ces oriflammes-là sont des prières
Population
A l’arrivée dans cette province
étendue et presque désertique, plus grande que la France, onze fois moins
peuplée, je m’enquiers des capacités chirurgicales de la ville-district qui
fait fonction de préfecture autonome. Non, pas pour moi ! S’enquérir ainsi
est simplement une preuve d’attention envers la population pourtant restreinte.
S’il y a des capacités chirurgicales alors qu’il n’y a pas d’habitants, dois-je
m’inquiéter du manque d’expérience des chirurgiens ?
Cette ville a subi un séisme
meurtrier en 2010, il y a eu 2300 morts. Vous déduisez avec moi que le peu
d’habitants de la province y était regroupé. Sensée ou illusoire, toute
déduction est un pas vers la quiétude (à mon avis). Dans cette ville, je ne
reste pas : là où je vais est plus rural que citadin. En réalité, c’est un
euphémisme : « rural » évoque des champs de colza et de lents
méandres entre des saules. Là où je vais, il n’y en a pas. L’horizon est clos
d’étincelantes barrières. Le sol est un écho du ciel. Est-ce alors un
ermitage ? En quelque sorte, c’en est un, oui.
Itinéraire
Je vais parcourir 170 km en
voiture. Après 22 km le long du fleuve immense qu’il a fallu traverser, qui
s’étale parfois et qui parfois s’engorge, j’aboutis dans la bourgade où je vais
faire les courses. Les courses alimentaires bien sûr, je ne crois pas qu’on y
fasse d’aucune façon du lèche-vitrine. Il y a peut-être une mode pour les
jouvenceaux, mais je ne le suis plus. En réalité, la tenue locale, qui me
conviendra en m’étoffant, a fait ses preuves depuis Mathusalem, qui là-bas ne
porte pas ce nom.
Bien approvisionné en légumes et
fruits, il me reste 80 km environ en ascension dans la montagne. Non, pas à
pied là non plus, ni en charrette, ni à dos d’âne, en voiture tout simplement.
Est-ce une route en lacets au départ, une piste chaotique ensuite ? Je
n’en sais encore rien, sur la carte je ne sais pas où se situe mon ermitage.
Sur la carte, je ne vois que roche et magma géant. Parfois scintillent comme
obsidienne des fractures fraîches au cœur des arêtes noires.
Altitude
Je viens du zéro des cartes
marines et me voilà en deux jours à 4500 mètres d’altitude : croyez-vous
que ce soit raisonnable ? Oui ! Si je suis revenu épuisé du lac
Khavraz, à la même altitude, c’était pour une autre raison, parce que je ne
mangeais rien. Enfin, je le croyais. Il ne m’était pas venu à l’esprit que
c’était peut-être faute d’oxygène. Non, ça ne l’était pas. En fait et en
réalité, je n’ai pas grand-chose à oxygéner : pas de gras, des muscles
frêles, des os grêles, un cerveau qui tourne au ralenti, etc.
A cette altitude et à cette époque fleurissent les plantes médicinales les plus rares et les plus toxiques que je réduirai en poudres après dessiccation. Herboriser comme aux siècles passés auprès des lamas, des chamans et autres guérisseurs sera-t-il mon lot quotidien ? Je le souhaite : herboriser offre mieux qu’une guérison, une rédemption !… ou des hallucinations ?
A cette altitude et à cette époque fleurissent les plantes médicinales les plus rares et les plus toxiques que je réduirai en poudres après dessiccation. Herboriser comme aux siècles passés auprès des lamas, des chamans et autres guérisseurs sera-t-il mon lot quotidien ? Je le souhaite : herboriser offre mieux qu’une guérison, une rédemption !… ou des hallucinations ?
Sur les versants abrupts, la quête des plantes médicinales
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