mercredi 20 juin 2018

J -6 : Ces rêves qui m’éveillent

A nouveau, je m’attelle à mon baluchon.
Non, non, ce baluchon-là n’est pas une addiction, j’ai dû réfléchir plus d’un an avant cette décision. Ainsi, une fois n’est pas coutume, c’est bel et bien un départ qui exigea une réflexion ! Y percevez-vous un soupçon d’hésitation ?
Il y eut des départs qui étaient des impulsions, certains étaient des aspirations et d’autres des chutes libres, ou plutôt des apesanteurs.
C’était comme les rêves où chaque pas imprévu guide le suivant sans préméditation.
Le mystique qui ne dort pas en moi appelle cela une prédestination.
Quand on m’interroge sur cette attraction pour « voir quelque fois ce que l’homme a cru voir », je remonte aux « contes et légendes » de mon enfance, c’est dire.
Où se nichait donc mon libre arbitre ? Existait-il ?

Aucun libre arbitre : un sens horaire impératif...

Mon libre arbitre attendait son heure…
Je veux dire qu’aujourd’hui ce n’est ni l’espoir ni le désespoir qui me mènent où je vais, c’est un choix pesé, dans un but précis, avec tout un tas d’impedimenta qui alourdiront mon baluchon. Les impedimenta, ce n’est rien : mon baluchon est bien plus lourd d’un retour sur mon passé. Moi qui pensais qu’il n’y a pas de résurrection heureuse…
Pourtant, si le départ est plus concret qu’il n’a jamais été, réfléchi et réservé, l’arrivée fait la part belle à l’abstraction.  
Ce lieu où je vais ne figure pas sur les cartes, la Toile en ignore tout et se contente de me donner l’altitude, 4500 m, précisant pourtant la distance qui le sépare des villes de grand renom, environ 540 km vers le sud-ouest, ou 460 km vers le nord-ouest, à vol d’oiseau.
Dans cet espace de heurts et de tourmentes, seuls les oiseaux volent en ligne droite, parfois.

Les tadornes franchissent bien les Himalayas !

Vous avez compris qu’au loin sont des villes, dont je ne foulerai pas le sol, mais qui aimantent les rêves en sourdine.
Ainsi, mon libre arbitre me guide cette fois vers un espace qui s’apparente à nulle part, où les frontières se sont déplacées, où les noms des lieux ne se prononcent pas comme nous les écrivons, où les fleuves immenses vont par trois, ont des cours interminables et parallèles, des débits monstrueux et des identités multiples selon leurs tronçons et selon les civilisations.
Les rêves me disent que sous toutes les latitudes, les fleuves les plus impétueux portent des ponts.

Sur un affluent du Mékong

Quand je m’enquiers du chemin qui mène là où je vais, on me répond : « Depuis l’aérogare provinciale et excentrée, ouverte en 2009, prends la route qui part vers le fleuve immense. Au bout de 170 km, oblique carrément vers l’est… euh, non… vers l’ouest (sic !) : encore 80 km tu seras enfin là où tu vas. Non, nous ne connaissons pas les coordonnées du lieu ! »
Hier, j’allais n’importe comment, sans boussole et sans horloge, chaque pas était inscrit dans ma mémoire, en le vivant, je le revivais. Demain, je partirai avec des précisions qui font l’impasse sur le chemin. Comment savoir où je vais ? Est-ce mieux ? Est-ce moins bien ?  

Le sentier solitaire

Cet espace est-il une chimère, loin de l’Europe et de ses parapets ? Mon insouciance prétend que les rêves n’aiment pas les parapets.

Grille ou parapet : les obstacles se franchissent

Plusieurs d’entre vous savent déjà où je vais. Pour les autres, je réserve un peu de suspens : Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?
Là-bas, je n'écrirai pas. Alors, veuillez supporter quelques épanchements avant le départ.

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