dimanche 24 juin 2018

J -2 : Là où je vais est un royaume

L’un des cinq royaumes indépendants du Kham, celui des cavaliers irréductibles qui résistèrent six ans aux armées de la Chine et refusèrent de livrer leurs poignards gainés d’argent.

 Non ! Ce n'est pas vraiment un poignard de cavalier irréductible,
il fait office de parure féminine.

Là où je vais, était un royaume…
Le vaste royaume de Nangqên disparut en 1958, après 13 siècles d’existence, sans avoir reçu, le moindre soutien des dirigeants de Lhassa auxquels il ne prêtait pas allégeance, ni du jeune Dalaï-lama. Son dernier roi mourut lors de la Révolution culturelle.




Le royaume de Nangqên, celui des 25 tribus nomades, celui  des guerriers khampas aux longs cheveux, était aussi celui de 72 monastères qui regroupaient plus de moines et de nonnes que partout ailleurs au Tibet. Sur le plateau, un seul monastère peut compter les moines par centaines quand ce n’est pas par milliers.


Si je quitte mon ermitage, ce ne sera pas pour résider dans les murs des monastères, ce sera pour dormir sous la tente. Les nomades khampas ignorent les constructions en dur, et vivent sous des toiles noires en laine de yack qui laissent passer les rais de lumière mais arrêtent les lourds grêlons. Dans le royaume où je vais tout vous semblera fantastique, les grêlons sont des œufs. En juillet et en août précisément, se concentrent les brusques précipitations de grêle qui assomment et tuent les yacks. Nous serons bientôt en juillet, voilà pourquoi vous me trouverez calfeutré sous la tente, où vous serez surpris qu’il fasse si clair, j’ai tout prévu pour notre confort.


C’était encore le royaume d’un cheval légendaire, agile dans les traîtres tourbières du plateau, avide de gravir à la course les cols inaccessibles, un premier pur-sang né de croisements savants bien avant les chevaux du Fergana ou d’Arabie. Dès l’antiquité, le cheval de Nangqên prouve que les éleveurs du Tibet avaient des dons pour la génétique.
Plus que ses petites oreilles, ses sabots ovales témoignent de l’excellence de sa race. Mais c’est son « large poitrail », apte à inspirer le moindre atome d’oxygène, qui fait de lui le champion des altitudes.


Je réfléchis et je me vois : si j’ai des chances d’être, moi aussi, champion des altitudes, ce ne sera pas avec les mêmes atouts, à mon avis. Il me manque l’une de ces trois caractéristiques. Laquelle ?  Ben, euh… mes pieds ne sont pas parfaitement ovales ! J'ambitionne prétentieusement, qu'au sujet du souffle, l'inspiration ne me manque pas encore...


Arrivée d'un groupe de cavalier pour la grande fête des nomades à Yushu

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