lundi 25 juin 2018

J -1 : Un hiatus entre le corps et l'âme

Moi qui vantais les prouesses des chevaux de Nangqên, prêt à me mesurer à leurs capacités (respiratoires), me voilà confronté à la réalité sans avoir prévu qu’au Tibet tout porte-faix n’est qu’un âne bâté de plus.
Non, je ne gambaderai pas sur des sabots ovales, et je prétendrai que oui ça va, c’est juste l’air des sommets qui m’étourdit, et j’oublie qui je suis, parce qu’en vérité, en vérité, une fois de plus, j’ai promis à mon âme extasiée des eaux d’outremer où planer, et la voilà partie.
(Outremer, c’est pour la couleur des lacs, pas pour la longitude).

 Comme "eaux d'outremer", c'est un peu décevant,
mais un micro-geyser tiédi jaillissait,
qui promettait un confort inconnu sur le carrelage de notre douche.
De toutes façons, y'a pas de douche, rien qu'une bassine remplie à la citerne (froide).

Mon corps, lui par contre qui reste là (las ?), n’est qu’un porte-faix sans nom et sans langage autre que le braiment de l’âne au bord du précipice. Ce braiment-là n’a pas de mélodie.
Et pourtant, mes réincarnations me promettaient, un jour prochain, la liberté des galops.
Galoper sur les sentiers côtiers, ce n’est pas, loin s’en faut, ahaner sous les Himalayas.
Vais-je apprendre la modestie ?

Tout ça pour dire, vous l’avez bien compris, que j’ai fait mon paquetage, et c’est pire que d’habitude. Je vais être écrasé sous les kilos. J’admets que sont très jolies les petites valises de matériel miniaturisé, … quand on les regarde de loin, sans être concerné.


Tout aussi ravissants, les collyres, les pommades, les gels, dont j’ai fait des colis de Noël. Tout aussi encombrantes, mais en vrac dans un sac, les dizaines de lunettes.
C’est incroyable d’avoir bénéficié d’un tel support technique, et je dois une fière chandelle à Philippe et à OSF (Ophtalmos sans frontières). Cet équipement est pour moi un gage de sérénité.


Non, ce n'est pas l'équipement professionnel, c'est là de quoi bâter.

Oui, ça va, c’est vrai, pour mon âme qui s’en est allée curieuse et aiguisée, mais mon corps n’est qu’un âne bâté.
Vous qui restez êtes dans le même état exactement, nous nous ressemblons, vos aspirations souffrent sous des bâts que vous finissez par mépriser. Vous n’en attendiez pas tant de moi ! Did you ?

 
Un complément sonore au bât

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire