mercredi 11 juillet 2018

13 - Hier



 
Carte de l'Empire Qing : en jaune foncé les provinces,
en jaune clair les protectorats et gouvernements militaires,
en orange les États tributaires.
En rouge la frontière actuelle de la Chine, au nord et à l'ouest,
révèle qu'elle a perdu des territoires au profit de l'Inde,
des républiques d'Asie Centrale, de la Mongolie et de la Russie.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, le Tibet, au même titre que la Mongolie, faisait partie de l'Empire chinois, gouverné depuis 1644 par la dynastie mandchoue des Qing qui s’écroule en 1912.
Le Tibet comme la Mongolie deviennent alors, de facto, indépendants : il n'y a plus de troupes gouvernementales chinoises sur leur sol, chacun a son propre gouvernement, son administration et son armée. Cependant, aucun pays ne reconnaît leur indépendance, et le gouvernement chinois continue à revendiquer ces deux territoires.
La Mongolie se tourne alors vers l'Union soviétique et Staline, qui, en contrepartie d'un changement de régime, vont la considérer comme un état indépendant, et sous la pression desquels, le nouveau gouvernement communiste chinois finira par la reconnaître en 1949. La Mongolie deviendra membre de l'ONU en 1961.


Le Tibet de son côté est pris dès la fin de l'Empire chinois sous l'aile de la Grande-Bretagne. Indépendant de facto de 1912 à 1950, il ne l'est pas de jure : ni la Grande-Bretagne, ni les États-Unis, ni aucun autre membre de la communauté internationale ne le reconnaissent comme pays souverain indépendant.
Le pouvoir tibétain, lui-même, a ses responsabilités dans cet état de fait : l’absence d’initiative du Tibet pendant les années trente est dû à ce que le pays, reclus sur son isolationnisme, se reposait sur la médiation de tiers et s’opposait à toute idée de changement et de progrès ("Tibet, Tibet", page 121).
De plus, selon Claude Levenson (Himalaya bouddhiste) intrigues personnelles et luttes de pouvoir entre les grands monastères ont sans doute joué un rôle dans l'aveuglement des responsables tibétains du moment (sic).
Par la suite, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont régulièrement confirmé qu'ils considéraient le Tibet comme faisant partie de la Chine, bien qu’elle soit alors envahie par le Japon (1931-1945), puis divisée par la guerre civile (1946-1949), et que ses gouvernements soient incapables d'exercer le pouvoir sur toute son étendue. La guerre civile oppose les nationalistes de Tchang Kaï-shek aux communistes de Mao qui l'emportent, et proclament la fondation de la République populaire chinoise le 1er octobre 1949.


En 1950, le nouveau gouvernement communiste chinois, fort de l’accord  international sur l’intégrité de son territoire, entreprend d'en reprendre le contrôle : "Les objectifs de l'Armée populaire de libération, pour 1950, sont de libérer Formose, Hainan, et le Tibet de l'impérialisme américain et de l'impérialisme anglais" (Radio Pékin, 1er janvier 1950). Réfutant une question du Salvador devant l'Assemblée générale de l'ONU, l'Inde et la Grande-Bretagne déclarent que le Tibet fait partie de la Chine, que le conflit relève des affaires intérieures qui ne peuvent être discutées à l'ONU. Cette opportunité de reconnaître le Tibet comme État indépendant rejetée, la reconquête se voulant "pacifique", la Chine a les mains libres et laisse le Dalaï-lama et le gouvernement tibétain en place sous son contrôle.


Cette reconquête militaire du Tibet a en effet été facilitée par le rejet populaire d'une société basée sur le servage au bénéfice exclusif de l’aristocratie et du clergé, rejet dont Mao a su alors tirer profit par une modération politique et une discipline de l'armée. Alexandra David-Neel se réjouit d'une alliance rêvée entre deux civilisations qu'elle admire.
Dans « Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle », elle écrit : "Quand les Chinois faisaient usage de la corvée obligatoire de portage de leurs bagages, bien que les porteurs n’aient droit à aucune rétribution, les Chinois bénéficiaires distribuaient de menues gratifications. Quant aux « messieurs » tibétains, ils ne leur donnaient jamais rien. Ils se conformaient au code traditionnel qui veut que le « petit » se trouve honoré si le « grand » daigne accepter de lui cadeaux et travail".




Désolé, par prudence, j'ai supprimé le paragraphe contemporain...









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