vendredi 13 juillet 2018

16- D'où viennent-elles ?


Pour sertir les pierreries de leurs bijoux, les tibétains se contentent d'argent, de cuivre ou de laiton, car l'or est essentiellement réservé à l'art religieux.
Est-ce pour s'en consoler si les pierres semi-précieuses, corail rouge, ambre jaune et turquoises, ont toutes les faveurs, pour ne pas dire l'amour, des tibétains ? Devant leur profusion, en parures et sur les marchés, on imaginerait qu'il suffit de se baisser pour les ramasser ! 





Eh bien, pas du tout ! En réalité, leur provenance est le plus souvent très lointaine. Apportées de tout temps par les caravanes transcontinentales, ces pierres semi-précieuses y gagnent une signification symbolique dotée d'un pouvoir protecteur surnaturel. Elles sont un talisman aussi bien pour les adultes que pour les enfants.



   
Les pierres sont alors utilisées sur bijoux et coiffes, mais aussi pour orner les poignards, les reliquaires, les moulins à prière, les étuis, et... les porte-monnaie.





 









LE CORAIL

Sur les routes méridionales de la soie, le corail rouge de Méditerranée servait de monnaie d’échange contre les épices, les perles et la soie. L'ampleur de ce commerce a valu aux Indes d'inépuisables importations de corail. Franchissant l'Himalaya, celui-ci est alors devenu un objet vénéré au Tibet et en Mongolie, où sa préciosité augmentait avec l'éloignement.
En concurrence, la mer de Chine produit du corail blanc, qui est teinté pour rivaliser avec le corail rouge. Du haut plateau tibétain lui-même, on extrait du corail de couleur pâle, percé de trous.








Ces anneaux dans les cheveux des khampas seraient en ivoire.



L'AMBRE


L'ambre jaune vient des gisements de la péninsule de Taïmyr et de Yakoutie, en Sibérie septentrionale, ainsi que de la Baltique.
Selon mes sources finistériennes (communauté tibétaine d'Henvic), l'ambre polonais, très coté, est hors de prix.
A l'opposé géographique, les chinois importaient jusqu'en 1940 de l'ambre birman, dont les gisements sont situés au nord du pays, proche ainsi de la frontière tibétaine.


Il s'agit d'un ambre opaque sans inclusions


Les propriétés électrostatiques de l'ambre jaune, découvertes six siècles avant notre ère, l'ont paré d'une aura mystérieuse et de vertus thérapeutiques physiques et psychologiques multiples.





 
LA TURQUOISE


Pour les tibétains, la turquoise allie le ciel et l'eau.



Les plus belles turquoises sont iraniennes, exportées autrefois vers l'Europe par la Turquie dont elles ont tiré leur nom. Bien qu'il existe des gisements de turquoise au Tibet, leur teinte, jugée un peu trop verte, les aurait parfois dépréciées par rapport à celles des mines de Nichâpour, importées du Khorassan iranien à partir de la ville de Machhad. Le nom iranien de la turquoise, passé en turc, est "firouzé" (فیروزه). En poésie persane, le ciel est "la voûte de turquoise" : gonbad-é firouzé (گنبد فیروزه). 


 


Grâce aux turquoises, une seconde fois, je relie le monde de la Perse au monde du Tibet !

P.S. 
Sources : 
-  "Bijoux en or du Tibet et du Népal" par Jane Casey Singer (Olizane), page 33. 
- Thèse de Vincent Perrichot (Université de Rennes 1 - décembre 2003) : "Environnements paraliques à ambre et à végétaux..." pour les gisements de Sibérie (page 28).  






  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire