jeudi 5 juillet 2018

7- Le Monastère !

 Le monastère tel qu'il apparaît
au bout des 9 km de piste hasardeuse, plus ou moins cimentée.

Tel qu'il apparaît de dos depuis la tente de prière qui le domine.

Tel qu'il apparaît sous le ciel de juillet...

Tel qu'il apparaît entre chörtens et tentes.

Le monastère qui domine mon ermitage est très récent.
Comme tant d'autres il est niché sur les contreforts du relief.
Comme tant d'autres, il est le témoin d'un renouveau, la preuve d'une renaissance. En 2013, seule sa structure en béton annonçait son avènement. Depuis, il s'est paré de ses toits d'ors et de ses fresques multicolores.
Comme tant d'autres monastères, il resplendit. S'il resplendit de loin, de près il vous en met plein la vue. Malgré la profusion des couleurs primaires qui ornent les salles du sol au plafond, il offre une harmonie grâce au rythme des frises et des piliers qui structurent les volumes (à mon avis).



Nous avons commencé par visiter les cuisines, dans l'aile gauche, où les moines-cuisiniers s'affairent pour nourrir les 90 clercs hébergés sur place. Les cuisines sont vastes et servent de réfectoire autour du foyer sur lequel les marmites imposent leur taille majestueuse.
On nous y a servi avec générosité... le yogourt au lait de yack, évidemment.
Dans la cuisine la lumière est parcimonieuse après avoir traversé les verrières du dortoir des moinillons, dont on se demande s'ils peuvent vraiment y trouver le sommeil en plein hiver sans double vitrage.



Et puis nous avons gravi le majestueux perron,
pour entrer dans le hall où les mandalas décorent les parois.
Terme signifiant "cercle", et de là "entourage",
le mandala est un diagramme riche de symboles favorisant la méditation. 

Dans le hall, un mandala : དཀྱིལ་འཁོར

Nous nous sommes déchaussés devant la porte somptueuse
encadrée de damiers où figure une svastika dextrogyre.
La porte s'ouvre pour nous sur la salle des prières.

Nous sommes bel et bien accueillis par les prières
au rythme des tambours et des cors !
Mais aussi, à notre surprise, par le son de l'aspirateur
qu'un moine passe dans l'allée centrale,
derrière les tambours géants qui vibrent !


Au fond de la salle : la statue dorée d'un bodhisattva rutile sous un lustre immense.

Nous écoutons les fortes sonorités des dungchens,
les longs cors tibétains en bronze que vous voyez en travers du couloir.


Voici le musicien qui souffle dans son dungchen.

A intervalles codifiés les moinillons percutent leurs tambours cérémonieux,
maintenus verticaux,
avec un petit marteau sphérique au bout de longues baguettes courbes.


Je crains que la bouche du cor ne soit nocive pour l'audition de ce moinillon,
qui oublie son marteau et soutient à deux mains son tambour cérémonieux.



 Les plafonds à caissons sont ornés de mandalas.

Un autre jour, les moinillons sont à l'étude sur le tapis central.
Les tambours cérémonieux sont couchés.

 
A l'étage, nous sommes impressionnés par la salle des lamas réincarnés, tous identifiés par leurs noms. Le terme tibétain pour celui qui est reconnu comme la réincarnation ou plutôt l'émanation d'un lama est "tulkou". Pour faire simple, la renaissance n'est pas celle d'une personne ou d'un esprit (qui sont des illusions), elle est la succession d'instants de conscience : selon la loi essentielle de la causalité la dernière émotion détermine la suivante. 
Le phénomène est complexe car un tulkou peut coexister avec celui dont il est l'émanation, il peut être celle de deux personnes à la fois, et inversement, deux tulkous peuvent réincarner ensemble un seul lama. (cf. "Dans les pas d'Alexandra David-Néel")
Cette dualité et une bonne dose de diplomatie, de la part du XIVème Dalaï-lama, permettront peut-être la reconnaissance des deux Panchen-lamas qui ont succédé à Choekyi Gyaltsen. 







Depuis le toit du monastère, vue sur celui, orange, du dispensaire.

1 commentaire:

  1. Le dispensaire est bien modeste à côté du monastère... où sont les ors et les mandalas ? Ils pourraient vous inspirer, médecins que vous êtes, dans les doutes de votre science ...

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